Fredy Stoll sculpteur, grand oncle de Pierre Paulin
Difficile de trouver un lien entre tous mes centres d’intérêt ! L’article que je vous propose aujourd’hui va associer mes recherches sur les déportés civils de Montblainville en 1914 – 1918 et mes recherches sur l’oeuvre de Maxime Old architecte d’intérieur et les arts décoratifs du XXème siècle.
Brièvement je reprendrais les sujets déjà abordés en faisant des liens pour les nouveaux lecteurs.
Six hommes de Montblainville sont décédés après avoir été déportés au camp de Grafenwöhr.
François Boue, le 14 octobre 1914, Paul Dappe, le 13 févier 1915, Charles DIDELON, le 14 décembre 1914, Albert JOSEPH, le 27 décembre 1914, Prosper LABAUDE, le 6 octobre 1914, Joseph MARTIN, le 6 octobre 1914.
Pendant sa captivité Louis Adde a servi de modèle au sculpteur Frédy Stoll lui aussi interné à Grafenwöhr.
Le sculpteur suscite toujours la curiosité. En mars 2011, Christophe Lagrange auteur d’un blog sur le 347 ème régiment d’infanterie lui dédiait un article.
A la suite de cette publication, la famille de Fredy Stoll, dispersée en Irlande, en Australie , à New-York, renouait des relations .
Autre réaction à la suite de cet article, un collectionneur déclarait détenir un buste signé Fredy Stoll et cherchait à identifier le modèle.
Dernièrement un lecteur me signalait une exposition du 7 au 20 mars à Bessancourt dans le Val d’Oise. Des panneaux seront consacrés aux monuments aux morts de la commune réalisés par Fredy Stoll et à leur inauguration (un ossuaire et un monument au morts).
Il me semble intéressant de récapituler les informations sur cet homme au parcours étonnant.
Frédéric Balthazar Stoll est né en Suisse à Lucerne le 8 février 1869. Il est attiré par le dessin et le modelage. Il arrive à Paris dès 1890 et devient l’élève de Rodin. Il est membre de la Société des artistes français et expose chaque année ses œuvres, au salon de 1912 un Don Quichotte dédié à Massenet, en 1913 le buste de G. Béret, et en 1914 l’homme à l’arc.
En 1907 il obtient la nationalité Française et est inscrit sous le matricule 509 du 1er bureau de recrutement militaire de Paris.
Agé de 45 ans lors de la déclaration de la guerre, il s’engage et rejoint la 22ème compagnie du 347ème régiment d’infanterie . Sa conduite lui vaut d’être nommé sergent. Il est blessé et fait prisonnier à Fère-Champenoise le 9 septembre 1914. Il est interné au camp de Grafenwöhr, ensuite à celui de Lechfeld , puis au camp de Deutsch Gabel. Pendant sa captivité, au camp de Grafenwöhr il obtient, l’autorisation de sculpter une statue en l’honneur de ses camarades morts en détention. Il facilite l’évasion de 32 de ses co-déténus et s’évade lui-même à trois reprises.
Dans la revue Limousine du 15 février 1929, Septime Gorceix, un de ses compagnons relate la captivité de Frédy Stoll. Je vous laisse découvrir « L’Odyssée et l’oeuvre de Frédy Stoll – Artiste et Héros » en cliquant sur le lien.
Le 13 octobre 1920 est inauguré à Lucerne le monument à la mémoire des internés Français.
En janvier 1926, Simone Téry dans le Réveil des APG du Centre relate les difficultés de l’artiste pour rentrer en possession de ses œuvres restées en Allemagne, 33 caisses attendent au camp de Grafenwöhr contenant non seulement ses œuvres, mais aussi des notes et des cahiers de Marcel Genevrière, le critique d’art qui fondera en 1922 avec André Domin « la Maison Dominique« , des croquis et des toiles des peintres Gaudet et Martini, des manuscrits enfin de François Bonjean, l’auteur de Mansour et de L’Histoire de douze heures, entre autres, un roman complètement achevé La Maison du Faune.
Citons un extrait de l’article du journal le 28 juillet 1928 dans lequel Jean Volney raconte le déplacement de la statue et nous donne l’historique de sa conception :
« Au cours de la guerre, à Graffenwöhr, comme dans la plupart des camps, les prisonniers se cotisèrent pour rassembler les fonds nécessaires à l’érection d’un monument à leurs camarades morts en terre d’exil .
La guerre terminée, les monuments restèrent en Allemagne. Cependant, les corps des prisonniers décédés en captivité furent rapatriés et inhumés dans le cimetière de Sarrebourg. Cette année le gouvernement obtint du Reich qu’il autorisât le transport du monument de Graffenwöhr en France.
Ce monument, dans la pensée du gouvernement et des prisonniers de guerre devait être érigé au cimetière, de Sarrebourg pour qu’à son ombre les morts en captivité reposent en paix. Ainsi fut fait.
Aujourd’hui, presque au sommet de la colline, sur un versant de laquelle est situé le cimetière, le monument est érigé. Il représente un homme nu, agenouillé, le buste et les bras rejetés en arrière, la physionomie sombre. Allégorie saisissante en vérité ! en effet, le prisonnier de guerre, n’était-il pas un vaincu, incapable de continuer, avec ses frères d’armes, à défendre sa mère: la patrie ?
Or, il a fallu que des gens voient dans ce monument tout autre chose et élèvent une protestation véhémente au nom de la foi et de la morale outragées par le statuaire.
Quel est-il donc l’auteur de cette statue qui effarouche quelques puritains ?
C’est un prisonnier de guerre, Freddy Stoll, interné au camp de Graffenwöhr,,après avoir été fait prisonnier dans des conditions qui sont la preuve de son héroïsme. Au camp il a cette belle pensée d’honorer, les morts. Il met. tout en œuvre. Il suscite l’enthousiasme de ses camarades qui trouvent l’argent nécessaire à l’achat de la pierre et des matériaux : chaque mark, chaque pfennig recueilli représente pour celui qui l’a donné un sacrifice, une privation. Freddy Stoll obtient, après avoir vaincu mille difficultés, le droit de se mettre au travail.
Il réalise l’œuvre conçue par son cerveau. Le monument est érigé au milieu du cimetière de Graffenwöhr. »
Diaporama Frédy Stoll, élaboration de la statue à Grafenwöhr, déplacement de la statue à la Nécropole de Sarrebourg.
La même année ses œuvres de captivité et d’après guerre seront exposées à la salle du Jeu de Paume. Exposition inaugurée par M. Louis Marin, ministre des Pensions le 18 octobre.
De retour de captivité Fredy Stoll sera l’auteur de nombreux autres monuments (voir l’article de wikigenweb).
Quelques photos de ses monuments :
Monument aux morts de Bessancourt (Val d’oise)
Monument aux morts Lamonzie Montastruc (Dordogne)
Monument aux morts Le Verdon-sur-Mer (Gironde)
Monument aux morts Montlignon (Val d’Oise)
Monument aux morts Queyrac (Gironde)
Monument aux morts de Nadaillac (Dordogne)
Monument aux morts Sannois (Val d’Oise) :
Monument aux morts Soulac sur Mer (Gironde)
Frédy Stoll est également l’auteur de la statue du Maréchal Maunoury qui fait partie des seize statues du boulevard des maréchaux à Verdun. Elle est recensée sur le site du CDOA (Catalogue interministériel des Dépôts d’œuvres d’Art de l’Etat).
D’autres œuvres :
- Le torse d’une femme sportive Musée national d’art moderne – En dépôt depuis le 09/03/1952 : Musée Denys-Puech (Rodez)
- Le buste de Madame Stoll exposé en 1928 dans la salle du jeu de Paume
- Le vainqueur aux jeux olympiques
- Rapt
- La petite bacchante
- Le lanceur de poids
- Le lanceur du javelot
- Le lanceur de disque
Photographiées par l’agence photo RMN-Grand Palais fonds Druet-Vizzavona :
Dans les collections du Musée du quai Branly :
Aux archives nationales les dossiers :
F/21/6994 Frédy Stoll
F/21/4274 Buste de femme, Maréchal Maunoury,Salomé
F/21/4885 Salomé
F/21/4910/A Salomé
Frédy Stoll est décédé en 1949.
Je vous ai annoncé en début d’article un lien entre mes recherches dans des domaines qui apparemment n’ont aucun rapport entre eux, la guerre 1914 – 1918, les arts décoratifs et Maxime Old. Frédy Stoll est le grand oncle de Pierre Paulin le célèbre désigner lui même élève de Maxime Old (source encyclopédie Universalis). D’après cet article Pierre Paulin a fréquenté l’école camondo, dans laquelle Maxime Old a enseigné.
Après l’oeuvre du grand oncle, il me reste a étudier celle de son petit neveu.
A reblogué ceci sur Cercle Genealogique de Maisons-Alfort.
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Passionnant article et très bien documenté, j’imagine aisément le travail de recherches qu’il y a derrière… Bravo et on attend l’article sur le petit neveu… 😉
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Des recherches passionnantes sur un artiste peu connu. Il méritait que l’on parle de lui.
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Commentaire d’Alain Choubard auteur du livre « L’histoire des 500 plus beaux Monuments aux Morts de France » :
« Liste des mémoriaux réalisés, à ma connaissance, par ce sculpteur :
STOLL Freddy (STOLL Frédéric-Balthazar dit) (1869-1949) ; Lucerne (Suisse) ; habite Paris
– Bessancourt (Val-d’Oise) ; idem à Soulac-sur-Mer ; 1921 (1/11/1921) ; calcaire.
– Bessancourt (Val-d’Oise), cimetière ; 1921 (1/11/1921) ; calcaire de Comblanchien.
– Lamballe (Côtes-d’Armor), Maroué ; 1923 (22/7/1923) ; calcaire.
– Lamonzie-Montastruc (Dordogne) ; idem à Nadaillac ; 1923 (4/11/1923) ; calcaire.
– Lucerne (Suisse), soldats français morts en captivité ; 1920 (13/10/1920) ; calcaire.
– Montlignon (Val-d’Oise) ; 1921 (2/10/1921) ; calcaire.
– Nadaillac (Dordogne) ; idem à Lamonzie-Montastruc ; 1923 ; calcaire.
– Nice (Alpes-Maritimes), prisonniers de guerre morts en captivité ; 1926 (2/11/1926) ; calcaire.
– Queyrac (Gironde) ; 1922 (1923) ; calcaire.
– Sarrebourg (Moselle), cimetière militaire, soldats morts en captivité ; 1916 (29/6/1930) ; rapatrié du camp de Grafenwöhr (Bavière) et installé en 6/1928.
– Sannois (Val-d’Oise) ; 1922 (9/4/1922) ; calcaire.
– Soulac-sur-Mer (Gironde) ; idem à Bessancourt ; calcaire.
– Talais (Gironde) ; calcaire.
– Le Verdon-sur-Mer (Gironde) ; 1922 (27/8/1922) ; calcaire. »
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Bonjour, J’ai un travail de Freddy Stoll, que j’ai publié récemment dans un livre sur la céramique Français art nouveau. Si vous êtes intéressé, je peux vous envoyer une photo de l’objet.
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Avec plaisir. Je vous contacte par mail.
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Bonjour. Au Cimetière du Château de Nice, il y a une sculpture monumentale de Femme (Sérénité, Foi ?) de Fredy Stoll. Si vousle souhaitez, je pourrai vous envoyer une photo. Bien cordialement. Roland Patin (roland.patin@gmail.com)
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Merci pour votre proposition Michèle
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Bonjour, je travaille sur la monographie de Rinxent dans le Pas de Calais et je peux vous dire que le coq qui se trouve sur le monuments aux morts a été réalisé par lui puisqu’on retrouve deux lettres adressées de sa part au maire de Rinxent en 1921
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🙂 J’ai mis votre article en lien : https://danishout.wordpress.com/2016/08/22/pierre-paulin-designer-francais/
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Merci. J’ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de votre article.
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Merci beaucoup !
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Any relationship with the sculptor Paul Paulin, friend of Edgar Degas?
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Je ne pense pas. J’ai recherché l’ascendance de Pierre Paulin il est né à Paris. Son acte de naissance n’étant pas en ligne j’ai recherché la naissance de son oncle Georges Paulin, il est né également à Paris. Henri Arsène Paulin, le grand père de Pierre Paulin est né à Paris le 27/9/1870, le père de celui-ci le 8/7/1835 à Bourdonnay (Moselle) Paul Paulin est né à Chamalières (Puy de Dôme) le 13/7/1852. J’ai découvert grâce à votre message un artiste que je ne connaissais pas. Merci
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Bonjour,
J’essayais de faire des recherches sur cet artiste quand je suis tombé sur votre blog et je réalise que vous avez déjà fait un travail impressionnant. Je possède un bronze de Fredy Stoll dont je peux vous envoyer une photo pour ajouter à votre blog et pour lequel je voudrais plus d’informations sur cette dame qui a posé pour Fredy Stoll.
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Bonjour,
Merci pour votre commentaire. Je suis preneuse de toutes informations sur Fredy Stoll. La photo de votre bronze m’intéresse, je regarderais si éventuellement, je possède des renseignements complémentaires.
michele.baugillot@gmail.com
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