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Auguste Alphonse BEAUJOINT de Grandpré – Aquafortiste

27 Mai 2015

Une nouvelle recherche qui va relier plusieurs de mes centres d’intérêts.

Aujourd’hui je vais vous parler d’Alphonse Beaujoint (déclaré  à l’état civil sous les prénoms d’Auguste Alphonse).  Il y a quelques jours je ne connaissais rien de lui. A la recherche de photos de l’église de Varennes en Argonne détruite en 1914 – 1918, j’ai découvert que la Société des Aqua-fortistes avait édité  de 1863 à 1867  en 5 volumes un recueil des eaux fortes modernes.

Dans les volumes IV et V, des eaux fortes réalisées par Alphonse Beaujoint représentant Varennes en Argonne et ses environs.

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Quel lien entre mes différentes recherches ?

Varennes en Argonne est situé à 4 km de Montblainville.

Alphonse Beaujoint est originaire de Grandpré. Mes origines du côté maternel sont argonnaises, Montblainville, Fléville, Chatel-Chéhéry.

Les eaux fortes représentant Varennes en Argonne réalisées par Alphonse Beaujoint sont datées de 1865 à 1867.

Cette date correspond  à la réalisation par Edouard Manet du tableau « Le Fifre » et me ramène aux recherches que j’ai effectuées pour l’identification du modèle de ce tableau.

Avant de reconstituer la carrière d’Alphonse Beaujoint, je vais vous donner quelques informations sur la Société des aqua-fortistes et sur la méthode d’élaboration des eaux fortes.

La société des aquafortistes est créée en 1862 et animée par l’imprimeur Augustre Delâtre et le marchand d’estampes Alfred Cadart. Parmi ses membres des peintres, des graveurs professionnels ou amateurs de tendances stylistiques  et de genres différents. Le décès d’Alfred Cadart mettra fin à la société.

En préface aux ouvrages, Théophile Gautier nous explique la motivation des peintres de l’époque à s’engager sur cette technique en réaction à l’essor de la photographie.  Il nous décrit le procédé :

« Nul moyen, en effet, n’est plus simple, plus direct, plus personnel que l’eau-forte. Une planche de cuivre enfumée d’un vernis, un poinçon quelconque, canif, grattoir ou aiguille, une bouteille d’acide, voilà tout l’outillage.

L’acide ronge les parties de métal mises a nu et creuse des tailles qui reproduisent exactement chaque trait dessiné par l’artiste. La morsure réussie, la planche est faite ; on peut la tirer, et l’on a l’idée même du maître, toute pétillante de vie et de spontanéité, sans l’intermédiaire d’aucune traduction ; chaque eau-forte est un dessin original : que de motifs charmants, que d’intentions exquises, que de mouvements primesautiers a conservés cette rapide et facile gravure, qui sait immortaliser des croquis dont le papier ne garderait pas trace ! »

De grands noms de la peinture se sont adonnés aux plaisirs de l’eau-forte : Goya, Degas, Besnard, Pissarro,Picasso, Matisse, Paul Renouard.

En 1905, Théophile Duret, critique d’art, collectionneur, ami et exécuteur testamentaire de Manet  préface un recueil qui contient une trentaine d’eaux-fortes  réalisées par le peintre de 1860 à 1866

Léon Rosenthal , critique et historien de l’art,  publie en 1925 « Manet aquafortiste et lithographe« . Il s’appuie  en particulier pour recenser l’oeuvre  gravée de Manet (75 eaux fortes  , 47 éditées ou connues par ses contemporains, 28 restées inédites et 12 lithographies), sur le catalogue  paru en 1906 aux Éditions du Peintre-Graveur d’Etienne Moreau Nelaton  » Manet, graveur et lithographe ».  Une analyse complète de la production de l’artiste sur tous supports.

Alphonse Beaujoint n’a pas la notoriété de Manet, mais son nom et l’ensemble de ses eaux-fortes et lithographies répertoriées figurent dans l’Inventaire du fonds français après 1800 

Quelques informations biographiques :

Alphonse Beaujoint est né le 6 juillet 1834 à Grandpré (Ardennes), il est déclaré sous les prénoms d’Auguste Alphonse, il décédera dans la même commune le 8 janvier 1899. Lorsqu’il se marie à Sainte-Ménéhould le 17 novembre 1862, il est domicilié à Varennes en Argonne, 339 place de l’Hôtel de Ville, et exerce la profession de brasseur. A ce titre, en 1866, il participe au concours international de houblons et de bières à Dijon (source Gallica) 

Alphonse Beaujoint Brasseur

Alphonse Beaujoint Brasseur

Ses trois enfants naîtront à cette même adresse entre 1863 et 1868. Ces dates correspondent à celles auxquelles il a gravé les eaux-fortes contenues dans le recueil édité par Cadart et Luquet au nom de la Société des aquafortistes .

Plusieurs musées ont acquis des exemplaires de ce recueil. On peut citer le British Muséum.

En 1979, le Musée des beaux-arts du Canada est entré en possession d’un exemplaire de ce  recueil.  Il est possible de consulter en ligne sur son site les trois eaux-fortes de Varennes et ses environs :

Précédemment, Alphonse Beaujoint avait dessiné et lithographié pour des Editeurs de Chartres, du Mans et d’Orléans de nombreuses planches d’architecture.  De 1852 à 1867, il  s’est consacré à la reproduction des vues pittoresques de l’Eure-et-Loir. Il figure au musée de Chartres avec des aquarelles (entrée des rues du Cygne et de la Boucherie – Place Saint-Aignan à Chartres) et le Victoria and Albert Museum de Londres avec des gravures

Il est fort probable qu’Adolphe Beaujoint se soit adonné à l’eau-forte en tant qu’amateur alors qu’il habitait la commune de Varennes en Argonne.

Une recherche « Beaujoint » sur le portail des musées de France (Base Joconde) indique que le Musée de la marine de Loire  de Chateauneuf-sur-Loire détient deux eaux-fortes d’Alphonse Beaujoint :

Le Musée municipal de Chateaudun  lors d’une exposition « Paysages » entre le 21 avril 2012 et le 24 mars 2014 a présenté des œuvres d’Adolphe Beaujoint.

Le Château de Sceaux dans ses collections détient plusieurs lithographies réalisées par Adolphe Beaujoint :

Dans un prochain article, je vous parlerais de Jules Hippolyte Beaujoint, frère d’Alphonse né lui aussi à Grandpré très connu comme auteur de romans populaires.

IMPORTANT

A lire en complément de cet article l’article du 5 août 2019 qui corrige l’attribution des œuvres d’Auguste Alphonse Beaujoint et de Jacques Amédée Beaujoint.

 

 

7 commentaires leave one →
  1. 30 Mai 2015 13 h 10 min

    Passionnant comme d’habitude ! et que de sources différentes et toutes plus intéressantes les unes que les autres. Un grand bravo à toi !

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  2. 13 novembre 2015 20 h 58 min

    J’émets aujourd’hui un doute sur le fait qu’Alphonse Beaujoint soit l’auteur des lithographies exécutées pour des Editeurs de Chartres, du Mans et d’Orléans et qu’il se soit consacré de 1852 à 1867 à la reproduction de vues pittoresques d’Eure et Loir. Les aquarelles détenues par le Musée des beaux-arts de Chartres ont été données par Madame veuve Beaujoint demeurant à Orléans, 11 rue de la vieille poterie. Après recherches, j’ai constaté qu’elle était mariée avec Jacques Amédée Beaujoint originaire d’Orléans. Les informations données dans mon article concernant les lithographies et les aquarelles attribuées à Adolphe Beaujoint sont donc à vérifier. Alphonse Beaujoint est bien l’auteur des eaux- fortes représentant Varennes et ses environs.

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    • Maryse Lefer permalink
      26 juillet 2019 7 h 44 min

      Bonjour les litho et aquarelles de Chateaudun et Orléans ne sont pas d’Alphonse Beaujoint comme vous le prétendez mais de Jacques Amédée Beaujoint, mon aïeul, grand-père de ma grand-mère, pharmacien rue de Bourgogne à Orléans et effectivement son épouse puis mon arrière grand-mère habitait rue Vieille Poterie à Orléans démolie pendant la guerre 1939 1945. Je possède de nombreuses litho et aquarelles dont les bords du Loiret. Le Musée d’Orleans avait fait cette erreur lors d’une exposition erreur dont j’avais demandé la rectification. En effet mon aïeul signait À.Beaujoint et non J.Beaujoint d’où l’erreur.

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      • 26 juillet 2019 9 h 09 min

        Vous avez entièrement raison. J’ai écrit un article dans la revue dans Terres d’Argonne dans lequel je précise :
        « Les œuvres d’Alphonse Beaujoint sont répertoriées dans l’Inventaire du fonds français après 1800 .
        Cet inventaire lui attribue à tort les lithographies réalisées par Jacques-Amédée Beaujoint originaire d’Orléans. Pharmacien de son état celui-ci n’a aucun lien de parenté avec les frères Beaujoint de Grandpré. Le Musée des Beaux-arts de Chartres détient également deux aquarelles attribuées par le Bénézit à Alphonse Beaujoint. Les fiches d’inventaire de ces œuvres indiquent qu’elles ont été données par la veuve de Jacques Amédée domiciliée à Orléans. »
        J’ai téléphoné et écrit sans succès à plusieurs reprises au Musée des beaux-arts d’Orléans. J’attendais une réponse pour rectifier ou compléter mon article. Votre commentaire me permet d’avoir la confirmation qui n’ai jamais arrivée. Je vous contacte par mail pour vous adresser les courriers des démarches que j’ai effectuées. Bien cordialement

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